J'ai peu de souvenirs de cet ashram - mais il faudrait , surement , y rester plus longtemps , et mieux connaître les écrits de Swami Chinmayananda qui l'a créé . Sur les photos , il a une bonne tête ... Sa vie nous a été racontée le lendemain par la charmante jeune femme qui nous avait d'abord accueillis : journaliste fort sceptique venu constater et dénoncer l'imposture des voies spirituelles , la rencontre de Swami Sivananda à Rishikesh l'a si fort bouleversé qu'il est devenu lui-même Swami , ascète vêtu d'orange disciple de Swami Tapovan , maître spirituel ensuite ... Il me reste encore tellement , tellement , à lire et à découvrir . Tout de même , le fait qu'il y ait cette Chinmaya Mission à Paris devrait faciliter les choses . Mais c'est dommage , je n'ai eu de coup de foudre spirituel , ni pour la rayonnante jeune femme de l'ashram , ni pour la Swami française qui dirige la mission et qu'on voit sur les vidéos . Trop de dévotion , ça m'inquiéte toujours un peu . Et puis , je trimbale souvent cette petite allergie au terme " Dieu" , ou , pire " Seigneur " .. allergie qui explose en hurlements de colère , et trépignements ( féministes ! ) , en lisant le " Texte fondateur " de la Chinmaya Mission . Hum , ça ne part pas vraiment sur de bonnes bases ...
Me resteront les images de ces trois gamines qui cueillaient le jasmin ; d'abord timides et sérieuses , même un peu coincées , se laissant aller à leur gaieté d'écolières en vacances , au fur et à mesure que nous avancions dans une conversation trébuchante ... Les images du réfectoire - les adultes sur des bancs , les gosses par terre au centre , tous , chacun à leur tour , chantant plus ou moins vite , plus ou moins bien , la longue , longue série de mantras psalmodiés avant le repas . J'aurais adoré ça , si le spectacle des chapatis en train de refroidir pendant qu'on chantait ne m'avait pas plongé dans une profonde tristesse ( miséricorde ! les chapatis froids , c'est tellement moins bon ... quel gâchis ! ) . Et encore , le petit garçon un peu grassouillet qui soufflait si ardemment dans sa conque pendant la puja , les joues démesurément gonflées comme un jeune Louis Armstrong en Inde du Sud ...