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13 mars 2015 5 13 /03 /mars /2015 21:52

 

 

 

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            Je ne peux penser à Bénarés sans avoir envie de hurler  . Ou de crier . Ou de pleurer  . 

           Je ne peux penser à Bénarés sans être émue jusqu'aux larmes en me souvenant de cette promenade en barque sur le Gange  avant le lever du soleil . La brume avait envahi les rives , de grandes embarcations à la rame , remplies d'indiens , ou de touristes respectueux , descendaient ou remontaient le fleuve ; les bruits aussi , étaient assourdis par la brume ,   le clapotis de  l'eau , les rames qui plongent puis s'arrachent , quelques éclats de voix en hindi ,  les cris des mouettes  ; et j'avais l'impression de participer à une fête vénitienne ,  comme si j'entrais , enfin .. dans un de ces tableaux  de Carpaccio , devant lesquels je rêve à la Galleria de l'Academia     .                

           Je ne peux penser à Bénarés sans avoir l'image de cette gentille petite chienne au coude totalement déboité , qui clopinait , affamée ,  puis revenait nourrir sa portée de six minuscules chiots , tassés sous deux marches d'escalier en planches , avec la possibilité d'être écrasés  par n'importe quel buffle , n'importe quel humain de la foule passant dans l'étroite ruelle  .

          Je ne peux penser à Bénarés sans revoir cette vache au mufle déformé par un gigantesque abcés et que personne ne soignait . Ou cette autre aux sabots longs de plus de vingt centimètres qui marchait pesamment dans une rue . 

         La beauté absolue de cette ville , qui étire sur une seule rive du Gange  ( l'autre n'est pas construite et l'on voit des troupeaux de buffles traverser une immense étendue de berge sablonneuse avant de pouvoir s'immerger jusqu'au cou ) ses palais , ses ghats descendants en escaliers jusqu'à l'eau sainte ,   ses empilements poétiques et improbables , façon Monsieur Hulot , d'appartements vétustes à vue imprenable sur le fleuve  , est une face de la médaille ; l'autre face , pour moi , ça a été la condition misérable des animaux des rues .  Et je ne pourrai jamais séparer les deux .  

 


 

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