Ce blog contient , le récit de quelques voyages en Inde ( plutôt Inde du Sud ) , où j'essaie d'aller chaque année depuis 2006 ( voir mon autre blog pour les premières années )
J'ai signé Prune Cherchequoi parce quil y a bien des années , j'ai vécu quelques instants extraordinaires , pendant lesquels je me suis sentie , pour une fois , en harmonie parfaite et totale unité avec le Monde - tout était parfait : moi , l'univers , moi dans l'univers , et l'univers autour de moi .. Il se trouve que c'était en mangeant une prune . Ce moment ne s'est jamais renouvelé , en tout cas , jamais comme ça . A part ça , je n'aime pas particulièrement les prunes .
Et quoi d'autre , " avec le lièvre de Mars ," à cause du thé que prend Alice avec le lièvre de Mars et le Chapelier Fou , un moment que j'ai toujours adoré ..
On y est restés trop peu de temps à mon goût ... j'étais malade de nostalgie en partant de Tiruvannamalaï , où je me sens chez moi . Mais , j'ai pu aller méditer dans la petite grotte de la montagnette , j'ai pu , deux fois de suite , assister au darshan silencieux de Siva Sakti Amma , j'ai pu méditer tout à loisir dans la grande salle de l'ashram , auprès du tombeau de Sri Ramana Maharshi , j'ai pu chanter et écouter les hymnes védiques ... Des moments si heureux ... je reviendrai , je reviendrai !
Le 14 Janvier , on s'est trouvés sur la route entre Vellore et Tiruvannamalaï ( enfin ! ) . Le 14 janvier , comme tous les habitués de mon ancien blog ( http://petites-peintures.over-blog.fr/) le savent , c'est Pongal dans le Tamil Nadu , fête de la récolte du riz ; et les femmes mettent leur point d'honneur à tracer devant le seuil de leur maison ou des boutiques des dessins à la poudre de craie , s'aidant juste d'une grille géométrique , plusieurs centaines de points qu'elles marquent à main levée avant de s'attaquer au vif du dessin ...
Les pancartes en anglais sont plus encourageantes , me semble-t'il , que leurs analogues sur les routes françaises : en anglais , c'est " travaux en progrès " , en France , " travaux en cours " . En tout cas ça décrit tout à fait mon état depuis trois semaines que je suis rentrée : temps que j'ai passé , à part une malheureuse tentative de m'activer au jardin Samedi dernier , vautrée sur le canapé , entre quintes de toux et nez qui coule ... .Ghislaine m'a proposé de demander à son guérisseur de s'occuper de mon cas bronchiteux - sa maman , qui a une sclérose en plaques , ne tient qu'avec l'aide de ce monsieur ) et je lui avais donc écrit une petite lettre . Qu'il a du recevoir Mardi soir ... Mercredi dans la nuit , je me suis réveillée dans un état très heureux , avec une envie incroyable de boire un jus de citron chaud ; avec du sel (? ) . Je me suis rendormie , ai vécu ensuite une journée bizarre , au lit à dormir la plupart du temps ; avec l'impression , quand j'émergeais , d'avoir une plaque de ciment lourde et dure coincée en haut de la poitrine , qui me faisait tousser péniblement d'une petite toux étranglée et douloureuse . Un signe très inhabituel chez moi , c'est que je traverse depuis une crise d'anorexie , ce qui ne m'arrive : jamais . Accompagnée de colère , de l'impression que ça fait cinquante ans que je me fais posséder par l'attachement à la nourriture , parce qu'on m'a appris , toute jeune , à remplacer tout autre désir par une sucrerie . Du coup , je suis en train de reperdre les huit kilos pris depuis la mort de tata Lili en Avril dernier , pendant toute cette période où on s'est activés comme des dingues pour trouver une solution pour maman ( au fait , elle va très bien , toujours pétulante ) . Tout ça n'est donc pas forcément négatif ...
J'avais écrit l' article hier après-midi , pensant le relire et le corriger ce matin , avant de le mettre en ligne . L'après-midi d'hier était ensoleillée , j'en avais profité pour faire ma presque première sortie au jardin ; taillé les deux rosiers grimpants " Blush Noisette " , et cinq ou six rosiers buissons . Je ne sais s'il y a une relation de cause à effet , mais je me suis réveillée vers les deux heures du matin , toussante et respirant à grand peine . J'ai passé les quelques heures jusqu'à l'aube à imaginer ma fin prochaine probable , et même un gai rayon de soleil venu de l'Est vers les neuf heures n'a pas dissipé mon humeur noire . Je me suis souvenue alors qu'une lettre de l'Inde m'était arrivée hier , que je n'avais ouverte ... Quel étonnement de voir que c'était un courrier de Vallimalai , justement . Une quittance reconnaissant que j'avais fait un don de cinq cent roupies ( dans les huit euros ) à l'ashram ... ce qu'ils sont légalistes . La lettre était accompagnée d'un cadeau qui m'a remonté le moral d'un coup , depuis les profondeurs boueuses et glacées dans lesquels ils s'était enlisé . C'étaient deux minuscules sachets plastiques : l'un , gris , de cendres du feu rituel de là bas , l'autre , plein de cette poudre rouge qui tache tout ce qu'elle voit et même davantage . Je me suis barbouillée le sternum avec les cendres , en espérant que ça allait m'aider à me débarasser de cette fichue toux . Quand à la poudre rouge , dont on est censé prendre juste au bout du doigt la quantité suffisante pour se faire une marque rouge entre les sourcils , je ne l'utiliserai pas en France ... mais tout de même , ce petit rappel de temps plus riants m'a beaucoup touchée .
Arrivés en haut de ces fichues marches et reprenant notre souffle , nous avions été guidés sur le sentier qui partait dans la forêt par un swami , un parmi les personnages en oripeaux saumon , qui se tenaient en bas des marches ; Celui-ci n'était pas un mendiant ordinaire - le premier de l'innombrable cohorte de Swamis que devait draguer Sona pendant le voyage . Faut dire que chacun des membres de notre petite équipe avait ses petites bizarreries : moi , je ne pouvais pas voir un chien galeux et affamé sans le prendre en pitié et lui glisser quelques biscuits ; Jeanne adorait parler avec les enfants , Sylvie collectionnait les saris dans les tons orange , mais aux nuances et impressions raffinées , ; et Sona ne pouvait voir un saint homme pittoresque sans se précipiter avec des cris de joie pour l'embrasser . C'était alors parti pour de longs échanges de bénédictions entre le simili-swami-made-in-France et le swami indien ... grâce à ces relations étranges , nous avons visité des endroits extraordinaires , et je n'ai pas fini de lui en être reconnaissante à S. Enfin , la preuve m'était faite que pour voyager de façon intéressante en Inde du Sud , ça n'est la peine ni de parler anglais ( on ne peut pas qualifier ainsi le petit-nègre qui faisait la conversation ordinaire ) ni tamil .
Le bassin que je vous montrais était donc situé au pied d'une colline , il ne restait plus qu'à en faire l'ascension , par une chaleur qui s'annonçait presque modérée . J'ai compté plus de trois cent cinquante marches bien raides , après , j 'ai perdu le compte ...heureusement , il y avait des paliers , ombragés par des porches , pour se reposer un peu .
Nous sommes montés jusqu'à une esplanade , tout en haut , qui permettait d'accéder , d'une part à des temples , d'autre part à un chemin qui partait à plat dans la forêt . Nous avons croisé une procession qui descendait des temples - c'était jour de célébration religieuse , un anniversaire , je crois . En cette occasion , chaque marche avait été décorée avec soin et amour .
Cette petite partie du Tamil Nadu que j'ai explorée est bien irriguée - du moins en Janvier : il y a eu la mousson de Décembre , et les grandes chaleurs ne sont pas encore arrivées . J'ai donc vu des rivières abondantes , à défaut d'être toujours limpides , et beaucoup d'étangs . Et les bassins près des temples , en général alimentés par des sources , étaient toujours pleins . Les swamis qui vivaient au pied de cette montagnette , située près de Vellore , font leurs ablutions journalières dans celui-ci et y lavent leurs haillons orange ; les femmes du village viennent aussi y faire leur lessive .Que de présupposés dans nos éducations ... Avec ma vulgarité bien de chez nous , je me suis demandé comment les eaux sales s'évacuaient . Les gens du coin ne s'en soucient : pour eux , l'eau des bassins purifie , quel que soit son aspect .
A vrai dire , ce qui me hérisse rrégulièrement et conditionne chez moi une réaction du type " beh , c'est sale ! " c'est la présence de plastiques flottant gaiement sur ce genre de plan d'eau . Mais si l'on y réfléchit un peu , un plastique n'est pas " sale" . Qu'est-ce qui est sale ? tout ce qui est organique pourrira et fera de la boue , ou du compost ...
Presque tous les temples un peu importants ont un éléphant , ou une éléphante , à demeure . Leur tâche consiste à bénir de leur trompe les pieux visiteurs , en échange de quelques roupies ( on glisse le billet ou les piécettes dans le creux de leur trompe , et ils le donnent au cornac ) ou d'une banane . Ca me rend toujours un peu mélancolique , surtout qu'ils ont quelquefois les pattes arrières entravées par une chaîne bien lourde et bien serrée .Les indiens ne sont pas toujours compatissants envers les animaux , semble-t'il ; je ne sais pas si c'est la croyance aux vies antérieures qui en est la cause ( si vous êtes sur que Kiki va se réincarner en autre chose , animal ou être humain , et recommencer à chercher son bonheur dans une prochaine vie , pourquoi s'occuper de son confort dans celle-ci ? ) Je voudrais que tous les éléphants du monde puissent vivre libre et heureux dans la forêt , en bonne harmonie avec les hommes ...
Le grand jeu , bien plaisant , en visitant les temples , est , pour nous les occidentaux , de regarder les nombreux indiens qui visitent , admirant la beauté des enfants et des femmes , leur teint sombre et leurs grands yeux noirs brillants ,nous émerveillant des couleurs raffinées et chatoyantes de leurs vêtements ,cotonnades ou soieries , toujours magnifiques . Ce jeu a un envers tout aussi plaisant : si les indiens sont pour nous objet de curiosité , il en est de même de nous , pour eux : nous les prenons en photo , avec leur permission , ils nous prennent ensuite en photo , avec notre permission . La seule différence est qu'ils aiment nous photographier au milieu d'eux ... je m'interroge un peu , je nous connais , je trouve que nous sommes des êtres plein de banalité , mais ils ont l'air d'y trouver leur compte ... un échange gratifiant pour tout le monde en tout cas .
Ceux -ci sont un peu figés , pétrifiés par la dignité de la prise de vue , ce qui n'est pas souvent le cas . La tenue des deux dames en rouge et jaune , les deux petits garçons en rouge ,nous dit qu'ils font surement partie d'un pélerinage OM SHAKTI PARVATI ( Shakti est l'énergie universelle , Parvati est la déesse compagne de Shiva ) . Inutile de prendre en pitié leurs pieds nus , tout le monde doit se déchausser en visitant un temple .
De Madras nous étions partis pour Kanchipuram , à moins d'une centaine de kilométres . Kanchipuram est connue comme la ville aux mille temples , Martine et moi en avions visité plusieurs il y a trois ans ; également comme une capitale de la soie ,et dans ma précédente visite nous étions tombées dans le guet-apens habituel tendu aux touristes ( le chauffeur ayant , soi-disant , un ami très cher qui avait un magasin et nous ferait des prix , rien qu'à nous .... et allez donc ...).
Cette année , rien de tel ; mais la découverte d'un grand gourou , dans un genre d'ashram , ou d'école de sagesse en plein centre ville , un homme simple en habit de pélerin , pour lequel j'ai presque eu un coup de foudre spirituel . Il est , parait-il , l'héritier d'une longue lignée de gourous qui a commencé à Shankaracharya ( j'espère ne pas trop dire de conneries )
Le matin , nous avons revisité l'un des temples ; j'étais étonnée par cet arbre magnifique , dans l'enceinte , aux branches duquel sont accrochés des petits paquets multicolores - ex-votos ? souhaits ?